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En quelques traits souples et rapides, Raoul Dufy nous plonge dans l'intimité de son regard. Il nous installe immédiatement dans l'ambiance de ce bord de mer, de ce marché provençal, de ce champ de course ou de cette soirée mondaine avec une surprenante économie de moyens.
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Parfois, pourtant, son dessin se met a vibrer de redondances et de hachures, comme dans cet orchestres ou cette piste de cirque. C'est qu'il cherche alors a nous faire percevoir une dimension supplémentaire à la scène qu'il nous présente : celle du mouvement et du rythme.
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Pour Raoul Dufy, le dessin joue évidemment un rôle essentiel dans la préparation des uvres peintes : il en dessine d'abord une multitude de versions, comme un pianiste fait des gammes pour s'échauffer avant le concert. Il passera ensuite a l'éxécution finale avec la sûreté de celui qui sait exactement ou il va, donnant alors cette impression de facilité qu'on lui a tant reprochée et qui n'est que le fruit de la longue mâturation préalable.
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"On la dit improvisateur, on s'est émerveillé de la prestesse de sa main, de sa facilité à résoudre les feuillages, les voiles, les flots, les silhouettes, les papillons, à un signe, on a admiré ses abréviations, sa sténographie.
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Tout cela paraissait un jeu, mais ne faisait que le paraître. Et l'apparence du jeu peut cacher la plus savante subtilité, et qui allait dans le sens de ces opérations de l'intellect qui sont la nouveauté et l'honneur de toute la puissante révolution plastique de notre temps. Il y fallait des dons innés, bien sûr, et peu d'artistes furent aussi heureusement favorisés que celui-là, mais aussi une extraordinaire faculté de réflexion et d'imagination et un fervent amour de l'univers visible, tout animé et traversé de vols, de jets, de sillages, de frissons.
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Rien qu'une écriture soit, mais quelle science d'écrire, et aussi quelle secrète, immédiate, harmonieuse complicité de l'il, de la main, de l'esprit !"
Jean CASSOU
Conservateur en chef du Musée National d'Art Moderne en 1953
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